Presque trop parfaite by Patricia Montdore

Presque trop parfaite by Patricia Montdore

Auteur:Patricia Montdore
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: BMR


24

Janet Walter repoussa avec découragement le gros registre sur lequel elle tenait les comptes de sa fondation.

— Comme j’aimerais être riche ! soupira-t-elle. Il nous manque au moins cent livres pour boucler l’année.

Frances, qui tapait une lettre, s’interrompit et releva la tête.

— N’avez-vous pas quelques donateurs généreux ?

— Pas assez. Vous connaissez les gens, Frances : ils se fatiguent très vite de faire le bien. Passé l’attrait de la nouveauté, une autre occupation retient leur attention capricieuse : ils se mettent à collectionner les roses rares ou les salières en argent. Deux de mes « bienfaitrices » m’ont lâchée cet hiver, et je ne leur ai pas trouvé de remplaçantes… D’où ce trou dans notre budget…

— Peut-être pourriez-vous faire paraître une annonce dans les journaux ? suggéra Frances.

Janet émit un petit rire ironique.

— Vous n’y pensez pas, ma chère ; on me dirait aussitôt, dans le monde, que j’encourage l’immoralité des jeunes campagnardes, et je perdrais mes dernières subventions.

— Mais vous n’encouragez pas l’immoralité ! s’exclama la jeune femme. Au contraire, vous essayez d’aider ces pauvres filles…

Elle se tut brusquement et baissa la tête, très pâle.

— … de pauvres filles comme moi, conclut-elle dans un murmure.

— Frances !

Janet se leva, s’approcha de sa secrétaire et se pencha vers elle, cherchant son regard.

— Je ne veux pas vous entendre dire cela. Vous êtes tout sauf « une pauvre fille » ignorante et perdue dans le labyrinthe de la grande ville, comme celles que j’essaie d’aider.

— Je n’ai donc aucune excuse, contrairement à elles, répliqua Frances, amère. Et ma présence, je vous le répète, Janet, n’est pas une bonne réclame pour vous. Bientôt, « cela » va se voir… Imaginez-vous les ragots ? Il vaudrait mieux, pour tout le monde, que je m’en aille.

— Nous verrons cela le temps venu, dit Janet avec bonté. Je possède une petite maison en Cornouailles, où vit ma vieille nourrice : elle vous accueillera à bras ouverts. Je ne vous abandonnerai pas, Frances. Et je vous demande de ne pas m’abandonner non plus. J’ai trop besoin de vous.

— N’importe qui serait capable de faire le même travail, soupira la jeune femme avec un mouvement d’épaules qui trahissait son accablement.

— Non, pas n’importe qui. Vous êtes sérieuse, intelligente, intuitive ; nos filles vous aiment. Vous avez une réelle compassion pour ceux qui sont dans la peine. Vous n’êtes pas entravée par vos préjugés, au moins, comme toutes ces péronnelles de la bonne société, qui ne s’occupent d’œuvres charitables que pour donner d’elles-mêmes une image flatteuse. Comme Cassandra Townsend, par exemple… La pauvre, je prends la fuite dès que je l’aperçois. Elle est sotte, hargneuse, et a de la vertu une conception malsaine… mais je m’égare. Nous parlions d’argent. J’ai fait une liste de personnes à solliciter – je crois que, dans mon désespoir, j’ai inscrit quelques noms improbables, mais cela vaut la peine d’essayer. Je vais prendre mon bâton de pèlerin et entamer ma tournée ! Souhaitez-moi bonne chance…

Le visage de Frances avait repris quelques couleurs. Elle sourit vaillamment et répliqua :

— Je suis sûre que vous saurez convaincre les plus coriaces.



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